Article pubié le 26 juin 2012

Certains rituels symboliques peuvent faciliter la résolution des problèmes de l’arbre familial.

Dans ses rituels, qu’il a baptisés «Rituels psychomagiques», Alejandro Jodorovski propose à ses consultants d’apprendre à parler le langage de l'inconscient.

La psychanalyse est une technique qui soigne à travers la parole. Pour libérer le patient (l’analysant) de ses douloureux symptômes, on lui demande de se souvenir de ses rêves, de noter ses lapsus et ses actes manqués, de libérer sa langue de la volonté et de dire sans retenue ce qui lui vient à l'esprit.

Une psychanalyse progresse donc en transformant les messages qu'envoie l'inconscient en un discours rationnel. Alexandro Jodorovski suivant un chemin inverse à celui de la psychanalyse, au lieu d'apprendre à l'inconscient à parler le langage rationnel, propose d’apprendre à la raison à utiliser le mode d’expression de l'inconscient qui est composé non seulement de mots, mais aussi d'actes, d'images, de sons, d'odeurs, de saveurs ou de sensations tactiles.

C'est pourquoi la «psychomagie» propose d'agir, et pas seulement de parler. L'inconscient accepte la réalisation symbolique, métaphorique, pour lui, une photographie ne représente pas quelqu'un, elle estla personne photographiée ; il considère une partie comme le tout (les sorciers réalisent leurs envoûtements sur des cheveux, des ongles ou des morceaux de vêtements de leurs victimes potentielles) ; il projette les personnes qui peuplent sa mémoire sur des êtres réels ou sur des choses.

Les créateurs du psychodrame se sont rendu compte qu'une personne qui accepte d'interpréter le rôle d'un parent provoque chez le patient des réactions profondes, comme si celui-ci se trouvait devant le personnage réel - taper sur un coussin soulage la colère contre un violeur...

Pour parvenir à un bon résultat, la personne qui réalise l'acte doit se libérer, en quelque sorte, de la morale imposée par sa famille, la société et la culture. L’un des objectifs des rituels psychomagiques de Jodorovsky est d’aider le patient à comprendreque les êtres qui peuplent «le monde intérieur» ne sont pas les mêmes que ceux qui peuplent le monde extérieur. La magie traditionnelle et la sorcellerie travaillent sur le monde extérieur en croyant pouvoir acquérir des pouvoirs surnaturels au moyen de rituels superstitieux, pour influer sur les choses, les événements et les êtres.

Selon Alejandro Jodorovskila psychomagie travaille sur la mémoire; il s’agit de provoquer un changement dans la mémoire, tant dans les images que dans les sensations qui les accompagnent. Les images que nous conservons dans notre mémoire sont accompagnées d'une perception de nous-mêmes au moment où nous avons vécu ces expériences. Lorsque nous nous souvenons de nos parents tels qu'ils se sont comportés dans notre enfance, nous le faisons du point de vue de l'enfant.

Nous vivons accompagnés ou dominés par un groupe d'ego d'âges différents. Ce sont tous des manifestations du passé. La finalité de la psychomagie, qui fait du consultant son propre guérisseur, est d'obtenir qu'il se situe dans son ego adulte, ego qui ne peut se situer que dans le présent.

Les rituels psychomagiques appliqués à l’arbre

Les rituels psychomagiques appliqués à l’arbre doivent être crées « sur mesure », et correspondre au caractère et à l'histoire de la personne et de sa famille.

Selon Jodorovsky, un acte psychomagique sera d'autant plus efficace s’il répond aux critères suivants :

  • L'acte psychomagique doit réaliser les prédictions de façon métaphorique.
  • L'acte psychomagique doit faire faire à la personne qui le réalise quelque chose qu'elle n'a jamais fait.
  • Plus il sera difficile de réaliser l'acte psychomagique, plus les bénéfices obtenus seront grands (Pour guérir ou résoudre un problème, il faut une volonté de fer. Lutter inlassablement pour atteindre un but qui semble inaccessible développe notre énergie vitale. Cela, les sorciers du Moyen Âge l'avaient parfaitement compris, inventant des manuels de recettes qui proposaient des actes impossibles à réaliser. Certaines guérisons dans des lieux lointains déclarés miraculeux sont en grande partie dues au long et coûteux voyage que le malade doit effectuer pour y parvenir).
  • On doit toujours terminer l'acte psychomagique de manière positive. Ajouter le mal au mal ne change rien. L'acte psychomagique doit être transformateur : la souffrance donne naissance à une fin aimable.

J'ai souvent recommandé d'enterrer des objets, des vêtements, des photographies ayant servi à libérer de vieilles souffrances, mais j'ai toujours demandé qu'à l'endroit où l'on a déposé ces choses « impures » on plante un arbre ou un arbuste fleuri.

Alejandro Jodorovski

Si je recommande à un consultant de laisser sortir sa rage, accumulée pendant des années contre quelqu'un, en déchirant sa photographie, ou en donnant des coups de pied à une tombe, ou au moyen d'une confrontation écrite, etc., je conseille de couvrir la photographie de confiture de rosé, d'écrire sur la tombe le mot « amour » avec du miel, d'envoyer à la personne à qui l'on demande réparation un bouquet de fleurs, une boîte de bonbons ou une bouteille de liqueur.

Alejandro Jodorovski

J'ai constaté que lorsqu'on commence un acte psychomagique, il se produit une mystérieuse relation entre la tentative individuelle et le monde extérieur (…). Le consultant peut penser qu'il est impossible de réaliser l’acte psychomagique parce qu'il y aura des témoins gênants ou que les circonstances n'y seront pas favorables,(…) c’est alors le lieu, dont on craignait qu'il soit envahi de curieux, se trouve soudain désert au moment de l'action.(…) Ce qui paraissait impossible à trouver nous est offert par un voisin.

Alejandro Jodorovski,

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Commentaires

 
Commentaire anonyme

Publié le 09 août 2011

Un exemple d’acte "Psychomagique".

Dans ma recherche de la proximité avec moi, il m’arrive de varier les techniques de découvertes de mon « moi-même » comme avais-je coutume de dire à une époque de ma vie.

La colonne centrale de cette découverte s’effectue par des visites hebdomadaires chez un psycho- thérapeute.

Ce dernier m’a fait découvrir des auteurs dont les écrits pouvaient m’aider dans ma quête.

Il en fut ainsi lors de ma rencontre avec Alessandro Jodorovski et son manuel de « Psychomagie ».

La forme que prenaient les diverses propositions d’actes "psychomagiques", dans le livre de Jodorvski, m’impressionna assez. Leur violence et soudaineté les coloraient d’un verni « déplacé ».

J’ai d’ailleurs, bon nombre de fois, interrompu la lecture pour prendre quelque recul et laisser décanter une technique qui m’apparaîtra appartenir à une culture sud-américaine qui, pour moi, ne peut être transposée brut de décoffrage à notre culture européenne plus frileuse, moins brute et directe que celle du Chili ou de l’Argentine.

Les évènements que j’ai vécus cette dernière semaine ne peuvent que confirmer mon ressenti à propos de cette technique que constitue l’acte psycho magique.

J’avais remarqué que je prenais l’habitude de cloisonner ma vie, qu’elle soit relationnelle ou professionnelle.

Ce cloisonnement résultait d’un contrôle que je désirais exercer sur chaque évènement ou rencontre qui marquaient ma vie. Les trier et les ranger dans ces compartiments me permettaient d’en conserver le contrôle et d‘être parfait, obligation qui régissait toute ma vie.

Je pris conscience que cette attitude m’occasionnait des souffrances de multiples genres.

L’objectif de mes séances se dessinait ainsi parfaitement.

Ce qui se dessina avec tout autant de précision fut une série d’actes simples et « magiques » destinés à ancrer et à conscientiser les décisions de quitter ce comportement.

Permettez-moi de vous en livrer un :

Lors de ces séances chez les thérapeutes, j’ai de suite imagé ce compartimentage comme celui d’un fromage qui a occupé une place dans mon tout jeune âge : les coins « Vache qui rit ». Ceux-ci, soigneusement emballés, constituaient ensemble un cercle, un rond parfait mais dont les quartiers étaient soigneusement séparés les uns des autres par deux couches de « papier argenté », garantissant un hermétisme entre les coins, pourtant de même nature.

J’imaginai alors que le seul moyen de réunir tous ces éléments de même nature était tout simplement d’acheter un fromage, de déballer chaque coin et de les manger pour que, en moi, se réunissent tous les éléments de ma vie.

Ce que je fis avec une double satisfaction : celle de rassembler tout ce que tenais hors de portée de l’un et de l’autre et de retrouver le goût de ce fromage qui colora une bonne partie des souper que je prenais chez une de mes Grand’mère, réputée pour sa table éternellement garnie de Vache qui rit et de Ziz….

Je suis très impatient de vivre cette réunion dans mon quotidien.

 
Commentaire de Olivier Cervantes

Publié le 10 août 2015

Je m'intéresse à la psychomagie depuis des années. J'ai eu la chance d'avoir rencontré Jodo. Je ne suis pas un maître dans cet art, mais il me semble déceler d'important problème dans l'acte que tu te propose d'accomplir.

Se libérer n'est qu'une partie du problème. En détruisant la grange, il y a un élément de répétition de la tragédie familiale. D'une certaine façon, tu accomplirai un élément 'prescris' par ta famille, endossant la 'folie' dont tu espère te libérer. En perpétuant pour ton clan familial un des drames primordiaux.

Il est essentiel d'incorporer un élément transformant ce négatif (la destruction) en positif (une renaissance), et de renvoyer ta famille à sa juste place (et non de simplement 'couper', ce qui lui donnerait justement un patrimoine mutilé, dont hériteraient les générations à venir.

Je ne saurai trop te conseiller de te faire prescrire cet acte par Jodo lui même, ou une personne qui a été formé directement par lui.

J'ai personnellement eu à souffrir d'un acte psychomagique auto prescrit alors que je ne mesurai pas la totalité de ses conséquences.

Je t'en prie. Même si ton plan est bon,tu n'est pas forcément (pas encore) la meilleur des juges pour ta propre libération psychogénéalogique.

Souvient toi par exemple de l'exemple donné par Jodorowsky de la productrice qui avait (improprement) coupé symboliquement tout lien avec son père en détruisant son œuvre sur sa tombe (en se prescrivant à elle même cet acte 'libérateur'). Loin de se libérer, elle a failli devenir folle !

Nous avons besoin d'un lien avec nos parents, nos ancêtres, mais un lien 'sain' (ou Saint). Ou purifié si tu préfère.

En détruisant ce lien, on bidouille littéralement notre 'code source' initial. On risque de se mettre 'en panne'.

Avoir raison, être animé des meilleures intentions, avoir compris des choses NE SUFFIT PAS.

Je ne me permet pas de juger de tes compétences, et surtout pas de douter de ton intention positive.

Mais ton récit et tes propositions semblent comporter encore des 'trous', des zones aveugles, et le manque de certains outils.

Ce que tu propose risque de créer des drames.

Aussi, consulter un maître me semble fort à propos avant de l'accomplir.