Témoignage pubié le 14 juin 2011

Il fallait que je mette tout de suite sur papier les derniers rebondissements de mon grand chemin vers la sérénité! Je ne sais pas si ce qui suit peut être considéré comme un résultat à mon travail d’analyse transgénérationnelle mais quand même, je suis un peu ébahie!

J’avais entamé quelques recherches en juillet 2009 dans l’espoir de retrouver mes racines maternelles que je pressentais indispensables à mon équilibre personnel. J’ai donc retrouvé un arbre généalogique sur geneanet.com et eu l’émotion intense d’y retrouver mes grands parents et leur enfant né en 1922. C’était donc Maman. Ayant pris contact avec le propriétaire de l’arbre, je lui donnais de quoi remplir quelques cases et il me donna de quoi rassasier mon besoin de racines. A l’issue de quelques mails, il me vint l’idée de me rendre sur place et de réaliser ce qu’inconsciemment je souhaitais depuis toujours: voir la petite ville de naissance de Maman en Hollande et son extrait d’acte de naissance. Malheureusement, une fois sur place, mes recherches furent vaines et la gentille employée de l’état civil rencontrée ne trouva pas de traces de la naissance de ma mère. Cela me rendit très perplexe. Bizarrement, il me fallut attendre un an et demi et surtout le début du travail d’analyse transgénérationnelle pour reprendre contact avec Jos, le « cousin » retrouvé. En même temps que je lui écris, j’envoie une « bouteille à la mer » sous forme d’un mail à l’administration communale dans lequel j’explique ma recherche. En fait, je recherchais le nom de l’église proche de l’administration communale où je supposais que Maman avait été baptisée. Trois jours après la seconde séance de psychogénéalogie, alors même que j’avais oublié l’envoi de cette « bouteille », je reçois avec stupéfaction un mail d’une employée qui me dit: « Madame, je viens de retrouver le certificat de naissance de votre maman, je vous l’envoie immédiatement. » et elle conclut en me demandant « si j’en ai encore besoin » et en espérant que cela m’agréera!

Avant-hier, nous nous rendions en Hollande à s’Hertogenbosch pour assister à un concert de jazz. Sur l’autoroute, j’entrevois pendant une demi-seconde une plaque routière signalant une bifurcation vers Rosendaal et de suite, ce nom m’est familier mais je ne fais pas de commentaire. Arrivés sur place, je n’y pense plus trop, tout au bonheur de me remplir la tête d’une magnifique prestation musicale. Le lendemain, au moment de reprendre la route pour la Belgique, je repense à une phrase que mon analyste transgénérationnel m’a dite lors de la première séance. Je disais que je ne savais pas grand-chose de ce passé hollandais et que j’avais peur de ne pas savoir remplir ce grand tableau vide et il m’a répondu « vous avez tout en vous mais vous ne le savez pas, il faut simplement laisser les souvenirs remonter de votre inconscient… » Je sais que Maman est arrivée en Belgique en pleine guerre, seule et qu’elle a juste été aidée d’un transporteur routier ami de mon grand-père. Je connais néanmoins le nom de ce transporteur et je sais qu’il existe encore mais mes connaissances s’arrêtent là. Je sais aussi que cette recherche est aussi importante pour moi que celle de l’acte de naissance. Et je laisse simplement les souvenirs s’installer dans ma tête. Rosendaal est sans doute la ville où il est installé et je suis certaine de le retrouver. Il me faut signaler que nous n’avions rien à notre disposition: j’avais évidemment oublié la carte routière, je n’avais pas de guide vert, ni même un début d’adresse et aucune connexion internet. Juste ma tête et cette incertitude dont je décide de faire une certitude, pour la première fois de ma vie. C’est décidé, on fera un crochet par Rosendaal…

Pendant les 80 kilomètres qui nous séparent de cette ville, je ne cesse de me redire cette phrase « tout est en toi…». Quelques déviations plus tard, nous arrivons à Rosendaal totalement vide d’autochtones… Tout semble dormir, pas même un chien dans la rue. Personne pour nous renseigner. Nous décidons, un peu déçus, de continuer notre route mais je me dis que si je dois trouver, je trouverai… Nous prenons donc la route en direction d’Anvers et après 50 mètres, je me rends compte que nous sommes devant la société Heeren. Certes, elle ne ressemble pas à l’idée que je m’en étais faite mais elle est là: les camions sont rangés, bien en ordre sur le parking. C’est dimanche et l’entreprise est fermée mais ce n’est pas important. Nous nous arrêtons, je descends de voiture pour faire quelques photos et je me recueille un instant, émue et éberluée d’être arrivée ici, sans certitude mais avec confiance. J’imagine Maman, frêle et timide, montant dans un camion et commencer de cet endroit précis ce que j’ai envie d’appeler « le premier jour du reste de sa vie ». Elle n’a sans doute, en ces temps de conflit, emmené qu’une petite valise mais moi, j’en dépose une, beaucoup plus lourde, devant la grille fermée de cet endroit tant imaginé. J’ai la certitude que voilà le résultat très objectif de cette thérapie transgénérationnelle qui peut paraître curieuse à quelques irréductibles cartésiens.

Mais cela n’est pas fini! Ce matin, au lendemain de cette émotion presque violente, je reçois une lettre de l’administration communale de Baarn. Le facteur était pourtant déjà passé et la lettre est arrivée plus tard. Elle contient une photocopie du précieux document manuscrit: l’acte de naissance de Maman. Outre quelques détails intéressants, elle m’apprend l’adresse précise de sa naissance. Et par la magie de Google Map, je visualise en quelques secondes le bâtiment (sans doute reconstruit) qui se situe à l’adresse mentionnée. C’est certain qu’en juillet prochain nous retournerons à Baarn.

Dois-je voir dans tout ceci le résultat de la thérapie? Mon analyste transgénérationnel m’avait dit que c’était après la seconde séance qu’on voyait vraiment un résultat. Et bien, je confirme! Mais, quel choc… En remontant dans la voiture hier, j’ai eu le sentiment d’un travail accompli et ressenti une grande sérénité. Si tout cela n’est pas un mirage né de ma volonté à avancer ou de ma trop grande imagination, je pense que je dois partager ça avec d’autres personnes, pour les aider à appréhender cette thérapie.

J’ai rédigé ce texte afin de pouvoir l’imprimer et le coller dans mon cahier de rêves. Mais cette fois, il ne s’agit pas d’un rêve mais d’un vécu. Il me reste pourtant du travail à accomplir secondairement à cette trouvaille, travail pour lequel j’ai besoin d’un peu de recul car là, je sens bien que mon émotif presque romanesque est en train de prendre le dessus sur le reste. Je souffre pour elle, pour mes grands-parents, à l’idée de cette rupture violente et de ce parcours solitaire et risqué. Mais je me dis que c’était son choix d’adulte et je vais travailler à rendre ce souvenir plus « neutre » pour moi. Et pour cela, je sens bien que j’ai les éléments, faudra juste que je remette tout dans le bon ordre…

J’ai retravaillé ce texte plusieurs fois, dans un souci de justesse. Cela a amené une autre réflexion que je veux pour preuve de l’avancement dans mon parcours. Mes grands parents et ma Maman ont certes été séparés et je sens bien que cette souffrance-là aussi je la porte. Et cela m’amène à une nouvelle constatation. S’ils furent séparés dans une sorte de violence que j’imagine morale mais peut-être physique, ils sont tous décédés quasi dans la même pièce. Ma grand-mère d’abord, en 1955, dans la salle à manger de la maison familiale. Ensuite, mon grand-père en 1990. Dans l’arrière-cuisine transformée en chambre, 3 pièces plus loin. Et Maman, en 2000, entre les deux pièces. Comme entourée par ses deux parents, chacun lui tenant la main au moment de ce dernier voyage… Je comprends mieux pourquoi j’ai ressenti ce sentiment de sérénité à les voir réunis dans le même caveau, le jour de l’enterrement de Maman. La boucle est en train de se boucler.