Article pubié le 04 juillet 2012

Cet article de François Paul-Cavallier est extrait de son livre « Je me découvre par la psychogénéalogie » aux Editions PLON et est publié sur Généasens avec l'aimable autorisation de son auteur.

Le papier-calque est un outil d'apprentissage, sa transparence permet de recopier un modèle à l'identique et de le reporter sur une nouvelle surface. Nous avons toujours utilisé du calque pour les cartes géographiques ou les schémas de science naturelle dans nos cahiers. Une fois le tracé original reproduit sur le calque, on découvre en déplaçant légèrement ce dernier que les contours sont confus tant que les traits du modèle et du calque ne se superposent pas exactement. La notion d'effet de calque consiste à établir la cartographie d'une situation actuelle et de la superposer sur une situation passée, et de voir ainsi où les contours se superposent, montrant une similarité matricielle de deux situations.

C'est un outil puissant qui nous permet de transposer un profil de fonctionnement ou un type de résultat d'un contexte à l'autre, en découvrant la similitude du processus qui anime ces contextes différents.

Quand un architecte veut construire un immeuble, il conçoit les fondations selon le nombre d'étages et la fonction de l'édifice. Pour que les escaliers soient dans la verticalité de la cave au grenier, il fait de même pour les colonnes d'eau et les évacuations. Ces fondations ressemblent au concept de scénario, c'est un plan qui anticipe le futur. Sur le premier dessin des fondations, il placera un calque transparent (transparent = qui vient du parent) pour dessiner le rez-de-chaussée, ensuite, il fera de même pour chaque étage supplémentaire, sachant que les murs maîtres auront à s'appuyer sur ces fondations. La charpente de la toiture prend elle aussi appui à la verticale des fondations. Quelle que soit l’utilisation de chaque étage, l'empreinte des fondations commandera la disposition de l'espace. Il en est de même dans les familles, les entreprises et les nations. Le scénario fondateur à un effet matriciel sur toute la lignée des descendants à condition qu'ils choisissent d'y adhérer pour appartenir.

Nous ne sommes pas prédestinés, nous pouvons intervenir sur la trajectoire de notre destin à condition d'en prendre conscience, de décrypter (sortir de la crypte) et de choisir. Un héritage n'est pas une fatalité, au niveau psychologique essentiellement, nous avons un choix à faire de chaque instant; nous pouvons trier, garder ou refuser ce qui se présente à nous. Si nous ne sommes pas toujours responsables du stimulus que nous percevons, nous sommes seuls responsables de l'interprétation et de la réponse que nous y donnons. Evidemment, certains aspects ne peuvent être changés, comme le sexe ou la couleur de la peau, pourtant il est probable qu'à un moment de la chaîne de décisions cellulaires, nous avons influencé l'orientation de notre vie. On peut imaginer que des décisions sont prises aux niveaux des gamètes par une codification hormonale qui n'est pas le fruit du hasard, mais des potentiels hormonaux de chacun des géniteurs et des gènes issus de leur lignée. Le spermatozoïde part chargé d'un bagage génétique, armé d'un GPS intime qui le dirige à travers les méandres de la tubulure féminine à la rencontre de l'ovule. Il peut rencontrer des obstacles que seule sa détermination fera surmonter. L'ovule comme le spermatozoïde possèdent une « image du corps » qui leur permettent de s'identifier et de se différencier l'un de l'autre. Au moment de la rencontre, le spermatozoïde reproduit le geste mâle de son émetteur, il pénètre l'ovule qui se verrouille sur le spermatozoïde immédiatement. Pour effectuer cette opération de « verrouillage », l'ovocyte a besoin de comparer son « image du corps » avantpénétration à celle *après.*Cette « image du corps », sorte de sentiment d'exister, est le premier maillon de la mémoire cellulaire (1).

En utilisant l'effet de calque, nous voyons dans l'arbre généalogique des « patterns » se reproduire, telles les dates de naissance, de décès, de mariage, de conception, de divorce, etc. Les questions sont évidentes : quelles traces de ces croyances et de ces décisions sont encore actives aujourd'hui ? Comment se traduisent-elles dans ma vie actuelle quant à mon choix de vie ou de partenaire ? Il est difficile de donner des réponses précises à ces questions, pourtant nous ne pouvons nier qu'une influence est certaine.

(1) « La construction des Etats du Moi », FPC, Conférence au congrès de L'IFAT, Lyon, 1990.

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