Article pubié le 16 février 2016

Bluma Zeigarnik (1900-1988) est une psychologue américaine d’origine russe et pionnière de la perspective gestaltiste qui a découvert un effet mnésique qui porte son nom « l'effet Zeigarnik ».

L’effet Zeigarnik désigne la tendance à mieux se rappeler une tâche qu'on a réalisée si celle-ci a été interrompue qu'on cherche par ailleurs à terminer. Le fait de s'engager dans la réalisation d'une tâche crée une motivation d'achèvement qui resterait insatisfaite si la tâche est interrompue. Sous l'effet de cette motivation une tâche interrompue doit être mémorisée mieux qu'une tâche achevée.

L'expérimentation

La Légende veut que sur la terrasse d'un café, Bluma Zeigarnik remarquât que les serveurs retenaient l'information concernant la commande tant que celle-ci n'était pas achevée, et le client servi. Dès lors, ils oubliaient tout de la commande à laquelle ils venaient de donner suite. Bluma décida alors avec son mentor Kurt Lewin (psychologue américain (1890-1947) d'origine allemande spécialisé dans la psychologie sociale et le comportementalisme à qui ont doit le concept de « dynamique de groupe »), de construire une expérience visant à tester cette intuition.

Bluma Zeigarnik, demanda à des enfants d’accomplir, en une journée, une série de vingt petits travaux (modeler des animaux, enfiler des perles, assembler les pièces d’un puzzle, ...). La moitié des activités purent être terminées, les autres restèrent inachevées. Quelque temps après, les participants furent priés d’indiquer toutes les tâches qu’ils avaient eu à exécuter. Il en résultat que celles qui n’avaient pu être conduites à leur terme étaient citées environ deux fois plus souvent que les autres, comme si l’inachèvement d’une activité entreprise créait une tension durable de l’organisme, dont le souvenir ne serait que l’empreinte. En effet, lorsqu’on donne aux sujets la possibilité d’achever leur travail, il se produit chez eux une détente, et il n’y a plus de différence de mémorisation entre les tâches accomplies.

Explication

Le cerveau garde en mémoire plus intensément une information incomplète que complète. Bluma Zeigarnik a observé que cet état d’attente se manifeste par un état intérieur de tension, d’inconfort et de malaise qui s’évanouit peu à peu à partir du moment où la tâche est complétée.

Le point de vue du psychanalyste Daniel Lagache.

En psychanalyse, Daniel Lagache entre autres, a utilisé les conclusions des recherches de Bluma Zeigarnik pour asseoir sa théorisation du transfert. Daniel Lagache compare le transfert à l'effet Zeigarnik. Comme l'effet Zeigarnik, le transfert est une tentative de résolution d'une tension traumatique, tentative pour "dégager le moi des conflits inconscients non résolus".

Le point de vue d’Anne Ancelin Schützenberger.

Quand on permet aux gens de s’exprimer, et qu’on les aide à parler, les fait dessiner, rejouer les scènes en psychodrame (en « petites vignettes »), on arrive ainsi à terminer; à clore un traumatisme et un deuil par un acte symbolique, terminant ainsi les tâches inachevées. Les symptômes s’arrêtent souvent chez eux et même chez leurs enfants, quand c’est « écouté-entendu » par une personne compréhensive, un psychothérapeute contenant.[

C’est ce qu’en dynamique des groupes, selon l’école de « Recherche Action » de Kurt Lewin, on appelle l’effet Zeigarnik du lancinement des tâches inachevées.

Anne Ancelin Schützenberger" Aïe mes Aïeux."

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