Article pubié le 12 juin 2013

Les Anciens avaient développé une clinique post mortem des ancêtres "mal morts " dont l’objectif était de leur permettre de rejoindre la Lumière.

Didier Dumas

Pour le psychanalyste Didier Dumas et son équipe du « jardin d’idées », la pratique du chamanisme a permis de constater qu’elle avait, pour les vivants, des effets thérapeutiques souvent assez étonnants (dus entre autres, pour ceux qui ont déjà fait des thérapies, au fait que la psychanalyse classique ne prend pas en compte la façon dont l’enfant comprend et intègre la mort et néglige, de ce fait, la place qu’elle occupe dans la construction de l’esprit).

Un ensemble de pratiques existaient dans notre culture avant la chrétienté (laquelle les a fait disparaître en pourchassant le culte des ancêtres) afin de permettre aux ancêtres de rejoindre « la lumière » après la mort. Ces pratiques perdurent toujours actuellement en de nombreux endroits du Monde (par exemple à Taiwan dans les rituels d’exorcisme taoïstes, ainsi que dans toutes les cultures chamaniques).

À notre époque, nous savons que nos tissus ne meurent pas tous en même temps (s’il en était autrement, les prélèvements d’organes post mortem seraient impossibles).

Dans l’Antiquité, on savait aussi que l’esprit met un certain temps à quitter le corps (ou plus exactement, ses deux premiers corps : le corps physique et le corps énergétique).

Mais on savait surtout que si le défunt reste fixé aux vivants et ne rejoint pas la Lumière (le Paradis ou la Grande lumière des Tibétains), il devient un fantôme qui parasite ses descendants, car les morts qui restent fixés à la Terre n’ont plus d’énergie propre, ils ponctionnent l’énergie des vivants, en créant chez eux toutes sortes de troubles.

C’est pourquoi les Anciens ont développé une clinique post mortem des ancêtres « mal morts » dont l’objectif était de leur permettre de rejoindre la Lumière.

À la différence des traditions anciennes, dans la psychanalyse transgénérationnelle, le concept de fantôme ne désigne pas le défunt, il désigne une structure énergétique et émotionnelle pathogène qui se transmet dans la succession des générations et parasite le système de représentations des descendants.

Ce parasitage porte sur les deux premières enveloppes de ce système (les sensations et les images), c’est-à-dire sur la structure préverbale de l’esprit que l’acquisition de la parole a plus ou moins refoulé dans l’inconscient (ou, dans les termes de Françoise Dolto, sur ce qu’elle considère comme la « base » et le « dynamisme » de l’image inconsciente du corps).

Les fantômes s’expriment ainsi dans les phénomènes de hantise (les passages à l'acte incestueux ou suicidaires, les accidents qui se reproduisent à l’identique dans les lignées, les meurtres passionnels, le fanatisme religieux, les actes manqués ou compulsifs en tout genre etc.).

Mais, comme les fantômes parasitent les mémoires des sensations et des images, ils peuvent aussi engendrer toutes sortes de somatisations et être à l’origine de troubles psychotiques.

Sur un plan pratique, la clinique des ancêtres « mal morts et le nettoyage de l’arbre implique de reprendre le travail fait sur son arbre, en le redessinant autrement, afin d’y schématiser les structures fantomatiquesqui l’encombrent (l’ensemble des répétitions à travers lesquelles ces structures inconscientes apparaissent).

L’idéal étant de repérer les fantômes qui parasitent l’arbre généalogique dans les quatre lignées grand-parentales, c’est-à-dire sur six ou sept générations.

Pour dissoudre les structures fantomatiques on fera appel à des rituels et à des techniques qui s’inspirent du chamanisme.

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