Témoignage pubié le 05 août 2011

Crises d’angoisses, regrets amers, pis…, remplie de remords… voilà dans quel état je me trouvais quotidiennement de longues années après ce foutu pas de travers… Tout était pourtant bien terminé, plus une once de sentiment à l’égard de cet autre homme que mon mari, plus aucun contact. Cet écart de conduite, pour appeler les choses poliment, n’avait pas eu d’incidence majeure sur ma vie de couple et de famille. Il y avait donc moyen de passer à autre chose, d’effacer et d’avancer en essayant d’apprendre de ce passage de ma vie plutôt qu’en culpabilisant jour et nuit. Et bien non, cela m’était impossible; la panique pouvait m’envahir n’importe où; au volant de ma voiture, en pleine nuit, devant la télévision, au bureau, en m’occupant des enfants ou même en pleine conversation sur un tout autre sujet. Les crises d’angoisse se multipliaient jusqu’à me glacer les os… Bref; cet adultère pour appeler un chat « un chat » me hantait et il a fallu plusieurs mois d’analyse pour que je le réalise. Le fait de savoir que ces crises d’angoisse venaient de cette aventure extra-conjugale n’enlevait en rien cette culpabilité envahissante et ne diminuait pas ma détresse. Des images de « ma faute » me revenaient sans cesse comme si j’étais chaque fois rappelée à l’ordre et happée par une vidéo qui me remontrait ce que j’avais osé faire…

Au fil des séances, mon psychanalyste m’a conseillé des ateliers d’analyse transgénérationnelle sur base de différents éléments qui ressortaient de mon analyse et qui ne concernaient pas que cet épisode de ma vie. Je me suis alors lancée dans l’aventure après lecture de plusieurs livres sur la psychogénéalogie, convaincue d’en avoir besoin mais ne sachant pas vraiment à quoi m’attendre. Pourtant bel et bien informée du contenu et déroulement de l’atelier, j’ai été prise de panique quand il a fallu dessiner ce carré représentant cet homme qui avait fait partie de ma vie… Comment était-ce possible de juxtaposer ce carré représentant cet homme que j’aurais voulu ne jamais avoir rencontré et celui de mon mari, tout ça au beau milieu de mon arbre familial? Cela a été une vraie épreuve de force, un combat intérieur qui m’a causé des sueurs froides, des tremblements et des palpitations désagréables de devoir tracer ce carré, d’écrire ce nom, ce prénom, sa descendance, … En fin d’atelier, je me suis rendue compte que j’avais dessiné ce carré très petit, c’était le plus petit de l’arbre entier, quasiment au bord de la dernière feuille avant le mur et le plus loin possible du carré représentant mon époux. Ce qui est également apparu clair comme de l’eau de roche, c’est qu’inconsciemment j’avais dessiné ce carré du côté de la branche maternelle. En regardant mon arbre complet sur ces immenses feuilles, j’ai pu réaliser que les femmes de ma branche maternelle n’avaient pas non plus été des enfants de chœur! Je n’avais jamais réalisé que je descendais de plusieurs générations de famille « à divorce ». Cela m’a déjà déculpabilisée sur le moment: non, finalement, je n’étais pas le seul vilain petit canard de la famille. Et, même si cela avait été plus fort que moi de tromper mon mari, j’avais réagi avant qu’il ne soit trop tard pour ne pas gâcher mon couple et briser notre vie de famille.

Mais ce qui a été le plus bénéfique et le plus inattendu suite à cet atelier, c’est le changement rapide et radical des crises d’angoisse. Non seulement, j’avais vraiment le sentiment que ce chapitre de ma vie était enfin clos mais en plus, quand j’y repensais, les images en trois dimensions étaient remplacées juste par ce petit carré en 2 dimensions sur cet immense arbre. Enfin, quelque chose de tolérable à mes yeux me passait par l’esprit et ne m’occasionnait donc plus ces crises de panique qui me bousillaient ma santé physique et mentale… Oui vraiment, le passage des images 3D en 2D m’a procuré un apaisement mental que je n’avais plus connu depuis des années… Certains me diront « Et tu n’avais pas pensé à te tourner vers ta religion? A demander l’aide et le pardon de Dieu ?» Si bien sûr, tout ça a été fait et refait plusieurs fois… Même si j’avais la certitude d’être pardonnée, c’était me pardonner moi-même que je n’arrivais pas à faire… J’aurais voulu effacer, revenir en arrière, tout recommencer, faire autrement mais cela n’était pas possible évidemment… La seule chose à faire était de me pardonner…

Ce pardon a été rendu possible via le génosociogramme en remettant ce passage de ma vie au sein du contexte familial, social, professionnel et généalogique. Cela m’a permis de mieux comprendre, de mieux m’accepter et d’enfin me libérer de ce chapitre infernal de culpabilité liée à cette aventure extra-conjugale. Le chemin fut long et douloureux mais c’est enfin derrière moi. Je peux à nouveau me regarder dans un miroir sans panique, dégoût et déception. Merci à la vie, merci aux rencontres qui m’ont conduite à ces ateliers transgénérationnels. Merci aux deux personnes présentes qui ont assisté à cet acte symbolique. Cela m’a enfin conduit vers le pardon à moi-même.