Un roman de Emmanuel CARRERE

Emmanuel Carrère affronte ses fantômes familiaux dans un récit autobiographique maîtrisé et émouvant.

"Un roman russe" n'est pas un roman mais une sorte de biographie familiale, la nouvelle déclinaison, admirable, intimiste et émouvante, d’un questionnement obsédant.

Par-delà les générations, le livre retrace le roman familial d’Emmanuel Carrère et ses zones d’ombre – lesquelles se cristallisent en la personne de son grand-père, « un homme dont la mort incertaine a pesé sur ma vie », un émigré géorgien débarqué en France au lendemain de la révolution russe et installé à Bordeaux, disparu dans des conditions énigmatiques en 1944, au moment de la Libération, après avoir collaboré avec l’occupant allemand.

L’écrivain recherche et accepte ici un dévoilement, une mise en danger de lui-même inédite à ce jour. L’écriture, la représentation et la mise en ordre qu’elle suppose sont investies d’un pouvoir de catharsis, de purification, de « délivrance », écrit Emmanuel Carrère. La quête d’une délivrance, la volonté de « prendre au piège quelque chose qui m’échappe et me mine », de traquer en soi cet « ennemi ricanant, cruel et monstrueux » qui le hante.

Quatrième de couverture

La folie et l'horreur ont obsédé ma vie. Les livres que j'ai écrits ne parlent de rien d'autre.
Après L'Adversaire, je n'en pouvais plus. J'ai voulu y échapper.
J'ai cru y échapper en aimant une femme et en menant une enquête.
L'enquête portait sur mon grand-père maternel, qui après une vie tragique a disparu à l'automne 1944 et, très probablement, été exécuté pour faits de collaboration. C'est le secret de ma mère, le fantôme qui hante notre famille.
Pour exorciser ce fantôme, j'ai suivi des chemins hasardeux. Ils m'ont entraîné jusqu'à une petite ville perdue de la province russe où je suis resté longtemps, aux aguets, à attendre qu'il arrive quelque chose. Et quelque chose est arrivé : un crime atroce.
La folie et l'horreur me rattrapaient.
Elles m'ont rattrapé, en même temps, dans ma vie amoureuse. J'ai écrit pour la femme que j'aimais une histoire érotique qui devait faire effraction dans le réel, et le réel a déjoué mes plans. Il nous a précipités dans un cauchemar qui ressemblait aux pires de mes livres et qui a dévasté nos vies et nos amours.
C'est de cela qu'il est question ici : des scénarios que nous élaborons pour maîtriser le réel et de la façon terrible dont le réel s'y prend pour nous répondre.

À la fois quête des origines, carnet de bord, récit d'un fait divers et d'une passion amoureuse, Un roman russe est une œuvre autobiographique dense et captivante. Emmanuel Carrère y restitue avec talent la complexité d'un homme dont la vie ressemble à ses livres.

Vidéo

Depuis la Fondation Rosa Abreu de Grancher (Cité Internationale Universitaire de Paris), Olivier Barrot présente et lit des extraits du livre "Un roman russe" d'Emmanuel Carrère. En illustration: des images d'une ville et de paysage russe et photo de l'auteur.

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Références

Emmanuel Carrère
Un roman russe
Le nœud géorgien
Editions Gallimard

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